Chaque jour, en ouverture du forum, retrouvez un épisode de Tracks sur les thématiques du forum, projeté en public à Radio Lab, pour ouvrir les débats de la journée.
 

Pour cette spéciale "Lanceurs d'Alertes", le collectif russe "Pussy Riot" donne le la. Les chattes moscovites sortent les griffes contre la politique de Poutine et nous révèlent ce que les gouvernements voudraient garder secret. À leurs côtés, Daniel Ellsberg, l'homme qui a fait tomber le Président Nixon avec les fameux "Dossiers Secrets du Pentagone", sur les atrocités commises durant de la guerre du Viêt Nam. Pour le pilier de la contre-culture américaine John Perry Barlow, la révolte passe par la "Freedom of the Press Foundation". Sa fondation de soutien et de financement à la liberté de la presse, finance Wikileaks et permet aux documents secrets de la NSA dérobés par Edward Snowden de continuer à fuiter. À plus de 2000 kilomètres du Kremlin, le rap bulgare ou mutra style dénonce les rouages d'une société rongée par le crime organisé, en proie à la "Bratva", "La Mafia Rouge ».

Inspiré par le groupe artistique russe Voïna, connu pour ses performances anti système, le mouvement américain et féministe des Riot Grrrl, le collectif des "Pussy Riot", "l’Émeute de Chattes" en VF, s’est fait connaître en janvier 2012 pour avoir donné un concert non autorisé sur la place rouge en dénonçant le premier ministre Vladimir Poutine. Quelques mois plus tard, trois de ses membres sont condamnés à deux années d’emprisonnement en camp de travail suite à une "prière punk" proférée dans la cathédrale orthodoxe du Christ-Sauveur de Moscou. Pour le porte-parole du patriarcat, ces jeunes femmes ont commis un "crime pire qu'un meurtre" et "doivent être punies". Ses prières ont été exaucées : Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, deux des jeunes femmes sont emprisonnées. Nadejda est aujourd’hui détenue en secret dans une colonie pénitentiaire au Nord de la Sibérie, à plus de 4500 km de ses proches. Un traitement qui a suscité l’indignation du monde entier. Comme elles, Tracks est parti à la recherche de ces "lanceurs d’alertes" qui révèlent ce que les gouvernements voudraient cacher…

DANIEL ELLSBERG : " L’homme le plus dangereux d’Amérique "

 

Cet Américain de 82 ans, ancien analyste employé du Pentagone, a provoqué en 71 un véritable raz-de-marée politique aux États Unis, en livrant au New York Times et au Washington Post les Pentagon Papers, "les Dossiers Secrets du pentagone", un rapport gouvernemental de 7000 pages sur les mensonges faits au peuple américain quant aux atrocités commises durant de la guerre du Viêt Nam. Pour Nixon, s’en est trop. Le président fait tout pour faire taire Ellsberg jusqu'à tenter de le faire assassiner. Depuis Daniel Ellsberg s’est positionné contre la guerre en Irak et milite activement pour une nouvelle enquête indépendante sur les attentats du 11 septembre. En 2012 avec John Perry Barlow, il fonde la Freedom of the Press Foundation, une association de soutien mais surtout de financement à la liberté de la presse grâce a laquelle ils ont pu lever les fonds nécessaires à la retranscription de l'intégralité du procès de Bradley Manning, ce soldat américain accusé d'avoir transmis à Wikileaks des documents top secret concernant les guerres d’Irak et d’Afghanistan. Aujourd’hui, par le biais de sa fondation, Daniel finance Wikileaks et soutient l’action d’Edward Snowden, estimant que la NSA viole la vie privée des Américains et des citoyens étrangers, portant gravement atteinte à leurs libertés.

JOHN PERRY BARLOW : Permis de siffler

 

Poète, essayiste et éleveur de bétail à la retraite, militant libertaire et ancien parolier du Grateful Dead, l’Américain John Perry Barlow, est surtout connu pour sa "Déclaration d'Indépendance du Cyberespace", publiée en 96. Depuis 2012, il est l'un des fondateurs de la "Freedom of the Press Foundation" aux côtés de Daniel Ellsberg. Surnommé le "Thomas Jefferson de l’Internet", ce pilier de la contre-culture, ancien adepte des Acid Tests, ces fêtes des 60’s où l’on expérimentait les drogues psychédéliques, milite aujourd’hui pour un internet libre, loin des dérives sécuritaires et liberticides de la NSA révélées par l’affaire Snowden.

MUTRA STYLE : Alerte rouge

 

24 ans après la chute du régime soviétique, la Bulgarie est gangrenée par les mafias. Les mutras, littéralement "gueules de voyous", font la loi jusqu'au plus hautes instances du pouvoir, au point de devenir un modèle pour la jeunesse désoeuvrée. Du coup, certains rappeurs, comme Misho Shamara ou Vanko1, ont fait du délit de sale gueule leur marque de fabrique. Dégaine de gangster, chaînes en or et voitures volées, ces bad boys du rap font rimer "hip-hop" avec mafia en racontant leur quotidien fait de combines et de galères. Mais cette imagerie ne fait pas que des adeptes. Le groupe de rap Upsurt s'insurge contre l'admiration que suscitent les bandits. Dans leurs chansons, ces jeunes de la capitale dénoncent les rouages d'une société sclérosée par le crime organisé et dressent le portrait d'une génération écorchée par la transition capitaliste. On fait le mur dans Tracks.